Alertée par le phénomène du déboisement en Haïti,
l’organisation Fraternité Valléenne de New York (FV) s’est lancée,
depuis juin 2013, dans une campagne intensive de reforestation dans la commune
de La Vallée de Jacmel. L’idée est de donner un bon exemple aux acteurs du
secteur de l’environnement et de parvenir ensemble à reboiser le pays tout
entier.
C’est un projet très ambitieux, mais les responsables de
Fraternité Valléenne ont foi. « Il est urgent de nous mettre sans perdre de
temps à la reforestation », dit la présidente de cette organisation d’Haïtiens
originaires de La Vallée de Jacmel évoluant à New York depuis près de 40 ans.
Marie Calixte Labbé estime que ça fait trop longtemps que nous faisons des
discours sur la déforestation et qu’il est temps d’agir.
Les menaces d’inondation, d’érosion et de sécheresse en
Haïti ne sont plus un secret pour personne, compte tenu de notre faible
couverture forestière (moins de 2%, dit-on). L’abattage anarchique des arbres
nous rend encore plus vulnérables. Bien conscients de cette situation, les
responsables de Fraternité Valléenne cherchent à se fixer des objectifs à moyen
et à long terme, et se battront pour les atteindre.
« Reboiser une communauté est un important projet qu’il
faut minutieusement planifier, souligne la présidente. À New York, par exemple,
près de 835 000 nouveaux arbres ont été plantés autour de la ville depuis 2007
grâce à un plan de reboisement mis en œuvre par les autorités et les
organisations privées. » En effet, ce projet, qui avait pour objectif de base
d’introduire 1 million de nouveaux arbres dans toute la ville de New York d’ici
à 2017, est déjà sur le point d’atteindre sa limite deux ans à l’avance.
Pour Marie Calixte, il s’agit avant tout d’une question
de bonne volonté et de mobilisation commune. « Ce type de réalisation est un
excellent exemple à suivre pour nous autres en Haïti », indique celle qui vit à
New York depuis plus de 40 ans mais qui est toujours restée attachée à son pays
et particulièrement sa ville natale. Elle convient, bien entendu, que nous
n’avons pas les mêmes moyens que les new-Yorkais, mais avec la même volonté et
si nous nous mettons constamment à l’action, assure-t-elle, nous pouvons
réussir à atteindre notre objectif.
« Si c’est la motivation qui nous manque, insiste Mme
Labbé, nous devons savoir que les bienfaits de l’arbre sur l’environnement sont
mesurables. Par exemple, les acteurs New-yorkais sont déjà bien conscients de
l’énorme impact environnemental de ce million de nouveaux arbres sur leur ville
: Ils ont la capacité de donner de l’ombre de refroidissement, de capter les
émissions de carbone, etc.»
Notons que les arbres déjà existants dans la ville de New
York génèrent déjà 27 millions de dollars d’économie d’énergie chaque année.
Ils interceptent près de 900 millions de gallons d’eaux pluviales par an,
améliorent la qualité de l’eau et préviennent la pollution des eaux de
ruissellement. Ils servent aussi de filtres naturels pour les polluants
atmosphériques. Des bienfaits concrets dont on pourrait jouir en Haïti.
Semblablement, Fraternité Valléenne s’est fixée comme
objectif de faire pousser 200 000 nouveaux arbres sur le territoire de La
Vallée de Jacmel d’ici à 2020. Cette campagne intensive de reboisement a été
entamée en juin 2013 en partenariat avec la Fédération des associations pour le
développement du Sud-Est (FEDADSE), qui a aussi embrassé l’idée. Le projet a
réellement pris naissance en 2007, lorsque, alertée par le déboisement de nos
villes de province, la Fédération des associations régionales haïtiennes à
l’étranger (FARHE) a réalisé un forum sur la question. Ensuite, avec le support
financier de FARHE, Solidarité chambellanaise et Fraternité Valléenne ont été
les premières à entamer des actions concrètes dans leurs communes respectives :
Chambellan et La Vallée de Jacmel.
À La Vallée, les bénévoles ont commencé par des cours de
reforestation à l’école des Frères de l’instruction chrétienne (FIC). Ces cours
sont aujourd’hui complètement intégrés dans le curriculum de cette école comme
une discipline obligatoire et aussi dispensée dans d’autres écoles. « Dès leur
plus bas âge, il faut apprendre aux élèves l’importance des arbres, de la
plantation et de l’environnement durable. » Les écoliers ont aussi pour mission
de partager cette formation avec leurs parents et ils se sont montrés très
décidés à participer activement à ce processus de reboisement. Les résultats
sont déjà bien tangibles.
« À côté de la plantation, nous essayons aussi
d’encourager les Valléens à nous aider bénévolement à prendre soin de ces
arbres nouvellement plantés afin de nous assurer de leur croissance. Vous
savez, nous ne pouvons tirer profit de nos arbres que s’ils atteignent leur
taille maximale », fait remarquer la présidente de Fraternité Valléenne.
L’organisation a, en outre, déjà employé un agronome à temps partiel, pour
mener les aspects techniques du projet, et recruter des représentants dans
toutes les sections communales de La Vallée de Jacmel.
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